Aux morts.

Le Président CHIRAC est décédé.

Même le sachant malade et très handicapé, on n’y croyait pas tant nous conservions de cet animal politique l’image de la force et de l’endurance.

Tous trouvaient l’homme sympathique et affable même en le taxant de « tueur » et de fauve en politique.

On a en mémoire son courageux et visionnaire refus d’accompagner l’Amérique dans sa guerre contre l’Irak, à l’origine de l’émergence d’al-qaïda et de la radicalisation islamique dont nous sommes aujourd’hui victimes.

Il y a eu le discours du «Vél d’Hiv». Oui, bon. C’était le moment de le faire.

Il y a eu également sa position sur l’esclavage. Il le qualifie de crime contre l’humanité mais aussi, et c’est tant mieux, sans vouloir qu’il s’agisse pour autant d’un acte de repentance de la France, cette fois ci.

On ne fait sûrement qu’insuffisamment le bilan, avec son actif et son passif, des décisions importantes prises durant ses mandats, sous son impulsion. Mais ce qu’il ne lui sera pas discuté, c’est son incarnation de notre pays à l’étranger. Il représentait la France avec grandeur et forçait le respect.

Pour l’instant, c’est l’heure des hommages, sincères ou affectés.

« C’est une part de ma vie qui disparaît aujourd’hui» déclame celui qui considérait le défunt comme « un roi fainéant » jadis.

C’est tel autre ancien Ministre suintant de flagornerie qui s’épanche à l’envie, celui dont Simone VEIL disait de sa précipitation à féliciter Chirac de son élection : “juste pour rester ministre de l’Éducation nationale et continuer à ne rien faire”.

Les commentateurs considèrent que MITTERRAND et CHIRAC furent les derniers grands Présidents de la 5ême République. Peut-être, à condition que l’on prenne comme mètre-étalon  certains qui leur succédèrent, mais pas De GAULLE.

Ces deux derniers grands Présidents ont chacun leur part d’ombre que les plus jeunes ignorent. Le premier a son passé douteux pendant une sombre période. Le second fomente « l’appel des 43 » pour couper l’herbe sous le pied à CHABAN DELMAS, gaulliste historique, qui avait pourtant, avec son projet humaniste et social de « nouvelle société » le moyen d’éviter les aventures futures. Entre le machiavélique politicien MITTERRAND et le tacticien sans état d’âme CHIRAC, il y avait cette même volonté d’arriver, coûte que coûte. D’ailleurs les élections de 1981 n’auraient sans doute pas eu le même visage si les alliés de GISCARD D’ESTAING, instrumentalisés par le défunt Président, avaient joué le jeu. Mais on est en politique, « c’est de bonne guerre » et puis ce n’est pas le moment de traiter de ces sujets.

J’ai croisé – moi aussi – à l’Élysée ces deux Présidents, entre autres, dans d’anciennes fonctions. L’un, à un mètre de distance imposé par le service d’ordre, m’a parlé de Vézelay et surtout de MENEAU, chef étoilé, qu’il visitait souvent le dimanche au déjeuner, l’autre m’a tapé sur l’épaule, me serrant la main en me demandant des nouvelles de Jean -Pierre (SOISSON, Maire de ma ville). Sans vanité exagérée je dirais avoir été heureux et fier de ces rencontres.

Ainsi, au delà de désaccords ponctuels évidents , c’est le positif et une forme de sympathie vraie, qui l’emportent quand je pense à Monsieur Jacques CHIRAC. La maladie et ses souffrances lui a interdit de profiter d’une fin de vie qu’il méritait pourtant bien.

L’unité nationale qui se vérifie, autour de cette disparition, tant au niveau des hommes politiques de tout bord, que chez les Français, jeunes ou plus âgées, est à tous égards remarquable. Les Français sont capables de cela.

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