Le Rêve du Celte

Dans  Le Rêve du Celte Mario Vargas Llosa met en scène Roger Casement .

Pour vous présenter ce livre, je vous parlerai donc  de l’homme dont il est question, l’irlandais, le celte  Roger Casement.

Roger Casement est né près de Dublin (Irlande) en 1864. Subjugué par les histoires que lui racontait son père, le Capitaine Casement, sur l’Inde, l’Afghanistan et tout ce que recelaient de secrets, de trésors et de bêtes sauvages les pays exotiques aux confins de l’Empire, dès qu’il sût lire, le jeune Roger se passionna pour les aventures des grands aventuriers et se promit de devenir lui-aussi, quand il serait grand, un grand explorateur à l’instar de ses héros , le Docteur Levingston et Henry Morton Stanley…

Devenu Diplomate au service de l’empire britannique et de sa Gracieuse Majesté Victoria, il représentera la Couronne dans plusieurs pays d’Afrique (Nigeria, Mozambique, Angola), avant d’être nommé Consul en 1900, dans l’Etat indépendant du Congo, placé sous la tutelle du roi des belges Leopold II.

Le jeune diplomate de 36 ans découvrira et établira en 1904, un rapport  dans lequel il dénonce les atrocités et les exactions criminelles perpétrées « par les agents du roi » sur les travailleurs locaux dans le cadre de l’exploitation du caoutchouc.68AE60B8-23F2-431D-B4E2-415D121657B5

Roger Casement retrouve son Irlande  natale en 1904, puis sera de nouveau mandaté en 1910  en Amérique latine par le Foreign Office, dans le cadre d’une commission d’enquête sur les conditions inhumaines avec lesquelles sont traitées les populations indiennes asservies à la collecte du latex par la Peruvian Amazon Company (PAC).

Casement arrive en août 1910 à Iquitos ( Amazonie péruvienne) et remettra son rapport final au Foreign Office en février 1912.

Roger Casement continuera, à titre privé, de se préoccuper des Indiens du Putumayo en collaborant avec des organismes caritatifs.

En 1911, il est anobli par le nouveau roi Georges V pour services rendus à la Couronne au Congo et en Amazonie…

Il rentre en Irlande d’où son état de santé dégradé ne lui permet plus de repartir; et c’est alors qu’il prend fait et cause en faveur des nationalistes irlandais.

Au début de la première guerre mondiale, il essaye de former des brigades irlandaises et tente de convaincre l’Allemagne (ennemie de l’Angleterre) de livrer des armes à l’IRB (Irish Republican  Brotherhood)*

Les armes promises n’arriveront jamais en Irlande et Casement est arrêté et emprisonné par les anglais dès son retour.

Accusé de haute trahison, Roger Casement est pendu dans la prison de Pentonville, à Islington ( grande banlieue de Londres) le 3 août 1916.

En 1965, à la demande du Gouvernement de Dublin, la dépouille de Roger Casement a été exhumée du cimetière de la prison de Pentonville et transférée dans la capitale irlandaise. Le 1* mars 1965, sa patrie lui  fait des funérailles nationales.  Trente mille personnes assistèrent à la cérémonie.

De nombreux lieux en Irlande portent le nom de Roger Casement (aéroport ou  stade…).

* IRB= Fraternité républicaine irlandaise : ce fut une organisation révolutionnaire républicaine irlandaise, fondée en 1858, en même temps (le 17 mars) à Dublin par James Stephens et à New York par John O’Mahony ; elle fut intégrée à l’Irish Republican Army (IRA) en 1924.

L’auteur : Mario Vargas Llosa

Mario Vargas Llosa est un écrivain péruvien, naturalisé espagnol, né en 1936 à Arequipa (Pérou).

Il est considéré comme l’un des plus grands noms du « boom » de la littérature latino-américaine des années 60.

L’écriture de Vargas Llosa est remarquable pour ses recherches stylistiques et  la force de ses analyses  psychologiques et sociales.

Les personnages de ses romans sont inséparables du climat et du cadre culturel, historique et géographique dont ils sont issus.

Ses récits débutent par des situations extrêmes qui plantent les  décors  d’un environnement oppressant, cadenassant les personnages dans une sorte de destin inexorable.

Les pouvoirs politiques occupent la plus grande place de son œuvre et dans ses fictions, ces pouvoirs apparaissent comme l’allégorie du pourrissement moral d’une société marquée par la violence et le sexe.

Le rêve du Celte est le troisième roman d’une trilogie que l’auteur a consacrée à la lutte contre les oppressions : celle du fascisme de Leonidas Trujillo (président-dictateur dominicain) dans « La fête au bouc » et celle du machisme tribal avec « Le Paradis-un peu plus loin ».

Avec le Rêve de ce Celte, Mario Vargas Llosa nous propose à la fois un roman, un « grand livre d’histoire »(Rudy Lecours) et la  biographie de Roger Casement.

Évitant toute forme de pathos malgré des descriptions précises des pires sévices subies par ces esclaves au service du colonialisme, le style de l’auteur garde une certaine distance qui lui garantit, de mon point de vue, une réelle authenticité.

Quelles que soient vos envies en matière de littérature, « Le rêve du Celte » fait certainement partie de ces ouvrages qu’il faut absolument avoir lu…

Nicolas Bravin

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