Pénurie d’eau ?

Une pénurie d’eau se dessine, à voir.

Ce n’est pas d’une pénurie d’eau dont la planète souffre, c’est d’abord de sa mauvaise répartition et surtout de sa mauvaise gestion : elle est gaspillée, polluée et gérée de façon non durable.

La pollution est en passe de devenir l’une des principales menaces pour la disponibilité et la réutilisation de l’eau. L’urbanisation rapide, la dégradation du sol, les fortes densités de population et les mauvaises conditions d’élimination des déchets portent atteinte aux sources d’eau douce disponibles. L’eau ne disparaît pas elle se salit. L’eau estCONvention toujours là, elle est mal traitée.

On constate avec dépit que la Convention Citoyenne pour le Climat dont on nous a tant rebattu les oreilles ne s’est même pas saisie du thème de l’eau. Pourtant il s’agit là d’un aspect déterminant, de l’évolution défavorable des effets climatiques, dans ses causes et ses conséquences .

Contraindre la pénurie d’eau. Que ne fait t’on pas?.

Les eaux usées font l’objet de traitements dans des stations d’épuration dont se sont dotées la plupart des communes. Cannes

Mais en France, seulement 0,6 % des eaux usées traitées sont réutilisées, contrairement à l’Italie et l’Espagne, avec 8 et 14 % d’utilisation de leurs eaux usées traitées. C’est 80 % de la  Reut (Réutilisation des eaux usées traitées) qu’Israël atteint . Singapour fait figure également de très bon élève dans sa gestion des eaux usées.

Le recyclage des eaux grises.

Les eaux grises (ou eaux ménagères) brutes sont des eaux issues des douches, des baignoires, des lavabos, des lave-linge, des éviers et des lave-vaisselle.

Dans un contexte de développement durable, la réutilisation des eaux grises en milieu domestique est souvent évoquée afin d’épargner la ressource en eau et réduire la consommation d’eau potable. Elle se fait la part belle dans de nombreux pays : Australie, États-Unis, Israël et Japon. Ils se sont tournés vers ces ressources complémentaires face à des situations de pénurie d’eau douce.

En France, le sacro-saint principe de précaution permet aux experts de l’Capture4Anses de déclarer avec grand sérieux « qu’à ce jour, les données disponibles sont insuffisantes pour caractériser de manière rigoureuse et exhaustive les dangers liés aux différents contaminants physico-chimiques et microbiologiques des eaux grises, et les niveaux d’exposition liés aux différents usages, applicables à toutes les situations ». C’est ce qui était dit en 2012… et en 2020, les données sont elles disponibles ?

Les réserves artificielles d’eau ne sont pas assez nombreuses.

Malgré les récriminations des associations de défense de l’environnement, qui dénoncent les impacts que peuvent avoir de telles réserves artificielles, elles doivent être créées. Bonne nouvelle les assises de l’eau qui se sont déroulées entre novembre 2018 et juin 2019, devraient déboucher sur un plan de 50 projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) d’ici 2022.

La construction de barrages hydroélectriques, certes engloutissait des milliers d’hectares et des zones d’habitat, mais avait le mérite de constituer une réserve pour la protection contre les crues ainsi que pour l’irrigation et l’alimentation en eau potable. Elle supprimait évidemment un écosystème mais favorisait l’émergence d’un nouveau en créant des zones humides. Elle a été abandonnée au profit du nucléaire ; sans doute peut-on le regretter. Ceci pose au passage l’ambiguïté des combats écologistes purs et durs.

La perte en eau a t’elle été bien prise en compte par le passé ?

Dans le bassin Rhin-Meuse les réseaux de distribution d’eau potable (38 000 kilomètres) présentent des pertes de 25% en moyenne. Ces pertes peuvent atteindre plus de 50% par endroit. Estimées dans le bassin à environ 100 millions de m3 par an au total, elles correspondent à la consommation annuelle cumulée des villes de Strasbourg, Nancy et Metz.

La sensibilisation du public

Elle est insuffisante. L’information, la sensibilisation, l’éducation des personnes, encore trop absentes, contribueraient pourtant, à plusieurs titres, à la réussite des politiques de l’eau et de la biodiversité.

Que pourrait on faire pour éviter la pénurie d’eau ?

Les curieux et les puristes trouveront dans l’étude de l’Institut national de l’économie circulaire,  de 2018, titrée    « L’économie circulaire dans le petit cycle de l’eau :la réutilisation des eaux usées traitées » des éléments de connaissance ignorés le plus souvent du grand public.

Mais au delà de cette étude, dans la plupart des cas, faire face à la rareté de l’eau ne requiert pas forcément des solutions technologiques hyper-sophistiquées, comme le dessalement, qui ne sont pas sans susciter des problèmes environnementaux. Il suffit de repenser tous nos usages de l’eau, des plus évidents aux plus invisibles, d’intégrer la dimension de l’eau dans toutes nos décisions sociales, urbanistiques ou économiques – car l’eau est partout -, ou encore enfin de s’inspirer des méthodes anciennes imaginées par les hommes pour faire face à la rareté de l’eau.

Retraitement des eaux usées et recyclage des eaux grises.

Sous réserve de la mise en œuvre d’un traitement et de mesures de gestion du risque appropriées, les eaux grises traitées peuvent être adaptées à trois usages en milieu domestique, si elles répondent à des critères de qualité précis au point d’usage :

  • l’alimentation de la chasse d’eau des toilettes,
  • l’arrosage des espaces verts (l’Anses exclut potagers et usages agricoles),
  • le lavage des surfaces extérieures sans génération d’aérosols (sans utilisation de nettoyeur à haute pression).

Recycler ses eaux grises, chez soi. (quand c’est possible)arton88-448c1

Des solutions techniques existent pour ce recyclage individuel ou collectif. C’est un investissement et cela ne peut être généralisé. L’apport de la technique de professionnels est conseillé, pour faire son recyclage soit avec des installations de station d’épuration domestique soit par lagunage si l’on a un grand terrain …

Promouvoir une politique publique au plus près.

Les villes allemandes sont pionnières en Europe en matière de promotion des économies d’eau et de récolte des eaux de pluie.

A Wardenburg, canton Oldenburg (Basse Saxe), la consommation moyenne d’eau potable ne dépasse pas 124 litres par jour et par personne, nettement moins que la consommation moyenne en France (148 litres). L’économie d’eau s’explique par l’utilisation répandue de l’eau de pluie pour les WC, pour les jardins, et parfois aussi pour la machine à laver. La commune a décidé de faire encore plus de progrès en ce domaine : tout acquéreur d’une nouvelle construction ou d’un terrain vendus par la commune, signe un contrat qui l’engage à s’équiper des installations appropriées. Les habitants de Wardenburg, au début parfois sceptiques, se montrent aujourd’hui, en très grande majorité, fiers de ces mesures.

Que fait on en France ? Que fait on à Lille, à Marseille, à Montpellier, …. à Dijon, à Paris …? s’est interrogé Coalition Eau; voyez les réponses.

Seulement 52 maires ont signé le Manifest’eau.

Sensibiliser et responsabiliser le public

Les professionnels commencent à opérer un changement quasi culturel. C’est ce à quoi se sont attaqués des agriculteurs de l’Yonne par exemple à travers l’association Saulce- Baulche. L’industrie quant à elle, en circuit interne, pourrait alléger sa facture en baissant de 40 % à 90 % sa consommation d’eau.

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La commune de Montdidier fait de la pédagogie

Les particuliers ne doivent pas être en reste. Chacun pourrait en effet se contenter de 75 litres d’eau potable par jour, sans renoncer à son confort habituel.

Il y a des attitudes à avoir et des solutions à la portée de tous La pénurie d’eau sera d’autant mieux  combattue si chacun devient acteur de cette lutte. Adoptons :

  • les récupérateurs d’eau de pluie pour des usages non potables,
  • les réducteurs de consommation (limitateur-régulateur, embout mousseur-aérateur, stop douche, douchette économiseur d’eau, chasse d’eau économique)  
  • et les bons gestes au quotidien qui ne coûtent rien, préférer une douche à la place d’un bain, utiliser l’eau de lavage de la salade pour arroser les fleurs, réparer les robinets et chasses d’eau qui fuient, car un robinet qui fuit une goutte d’eau par seconde, c’est 200 litres à 500 litres d’eau gaspillée par jour.

 

 

 

2 réflexions au sujet de « Pénurie d’eau ? »

  1. Si on se pose tant de questions , c’est tout de même que l’eau se fait plus rare !
    Depuis que nous avons l’eau courante, nous avons  » l’eau trop facile, il est temps d’y faire attention.
    Ce qui est formidable, c’est que nous nous posions ces questions avant la pénurie !
    Ainsi nous éviterons le pire.

  2. Nous avons eu de nombreux commentaires favorables à cette solution, demandant des renseignements techniques.
    Nous avons pris le parti de ne pas les publier et de répondre personnellement aux personnes concernées, pour les diriger vers des spécialistes.

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