La médecine est malade.

La médecine est malade

En juin 2000, la France et l’Italie se partageaient les deux premières places du classement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la performance doctor-1639328_960_720des systèmes de santé dans le monde, rapporte le journal Les Echos

Qu’en est-il vingt ans plus tard?  nous sommes au bord du désastre !

La santé pour chaque  français : avoir un médecin traitant, obtenir rapidement un rendez-vous, accéder à un diagnostic, à des soins médicaux spécialisés dans un délai approprié à leurs besoins, assurer le retour ou le maintien à domicile, prévenir. Autant d’attentes qui doivent être satisfaites au même niveau de qualité sur l’ensemble de notre territoire.

En France, 20 millions de personnes sont atteintes d’une maladie chronique comme le diabète, l’insuffisance rénale chronique terminale ou une pathologie respiratoire chronique (asthme, BPCO). Le nombre de consultations en ville disponibles de médecins généralistes a baissé de 15 % en 15 ans, alors même que la population vieillit, que l’accès aux spécialistes est devenu de plus en plus difficile.  Les cabinets médicaux comme les services d’urgence ou les établissements médico-sociaux sont saturés.(*)

 .…, près de 1285 médecins hospitaliers, chefs de service et responsables d’unité ont annoncé leur intention de démissionner …. 1300 infirmières ont démissionné des hôpitaux et des cliniques en France ces derniers mois …. C’est ce que la presse rapportait début 2022. A parier qu’à ce jour, les chiffres se sont confirmés et lourdement amplifiés .

Les causes du burn-out chez les médecins

Quand aux médecins libéraux, une contrainte majeure s’ajoute à leur exercice médical : l’administratif. Le poids des charges administratives qui leur sont imposées renforce ce mal-être professionnel. Étant donné leur statut, ces professionnels libéraux doivent s’atteler à un travail administratif qui représente une charge de travail conséquente, susceptible de pénaliser du temps de travail dédié aux soins et donc, une source conséquente de stress. Et pendant ce temps là, chaque année, 27 millions de rendez-vous médicaux ne sont pas honorés, selon le Conseil national de l’Ordre des médecins. On voit là l’irresponsabilité, le manque de sens civique et de respect de l’autre, de certains patients.  

Une enquête de l’Ordre des Médecins révèle ainsi que :

  • 41% des médecins qui se sont déclarés être en épuisement professionnel ont arrêté momentanément leur activité,
  • et sur ceux qui ne se sont pas arrêtés, 68% ont renoncé à le faire alors que leur état le justifiait.

Les professionnels de santé sont épuisés. Vivre l’Yonne publie trois témoignages. Ceux d’un médecin de ville Auxerrois, et d’une infirmière de l’hôpital d’Auxerre. Celui d’un médecin hospitalier a été repris, sur le net.

Un médecin de ville témoigne, pour Vivre l’Yonne.

Texte en cours

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Infirmière, un sacerdoce aussi. Entre la crise des vocations et celles qui changent de métier, l’avenir semble sombre.  On estime que 180.000 infirmières diplômées, et en âge de travailler, n’exercent plus leur métier. Une étude publiée l’an dernier pointait que 43% de celles qui restent « ne savent pas si elles seront toujours infirmières dans cinq ans ».

Isabelle, infirmière hospitalière témoigne, pour Vivre l’Yonne.
Vivre l’Yonne : Isabelle quel est votre quotidien ?
Isabelle : Le métier d’infirmière évolue au fil du temps , pas de façon positive…. Nous sommes de moins en moins auprès du patient , les soins sont faits à toute vitesse, pas le temps de prendre la main pour accompagner un patient en fin de vie, de discuter avec eux ….le « prendre soin » , l’humanitude se réduit comme peau de chagrin à notre  plus grand désespoir …nous devenons des multi-tâches , des administratifs. Nous passons plus de temps devant des écrans ou au téléphone que devant les patients, les logiciels sont inadaptés à notre  profession; ils sont imposés sans consulter les principaux utilisateurs …. Très peu de temps consacré à la formation donc énormément de perte de temps sans compter les moments où il n’y a pas de réseaux , il faut répondre au téléphone sans cesse , gérer des situations qui ne relèvent pas de nos fonctions, de plus en plus d’agressivité de la part des patients et des familles. Le système hospitalier n’est plus adapté , il n’y a  pas d’examen le weekend, la pharmacie n’est accessible que de 9h à 17h du lundi au vendredi et le samedi matin.
Être gréviste en tant que soignants est une pure utopie …. avec notre sparadrap écrit en grève sur notre tenue nous avons aucun moyen de pression .
Vivre l’Yonne :  votre vie de famille, comment vous gérez ?
Isabelle : Difficile d’avoir des vacances aux dates que nous souhaitons, en été  pas plus de 15 jours, sans que l’on puisse forcément profiter du weekend d’avant ou celui d’après, les jours,  les weekends et les nuits de travail  s’enchainent.., les plannings changent souvent !
Vivre l’Yonne :  Isabelle avez-vous pensé à démissionner ?
Isabelle : le personnel manquant n’est même plus remplacé ce qui met en danger la sécurité des patients comment faire le travail de 2 agents alors que nous n’arrivons pas à faire le nôtre de façon correcte ,  les heures supplémentaires et la fatigue s’accumulent , les étudiants parlent déjà de reconversion alors qu’ils n’ont même pas fini leur étude . Les formations ne sont plus validées pour raison budgétaire. Alors oui, pourquoi rester ??? me direz-vous… parce que le sourire ou les gentilles paroles  d’un patient nous fait penser que tout n’est pas noir , que j’exerce  un  métier que j’ai choisi  ( formation professionnelle à 30 ans ) et que j’aime ,  après chaque fin de service  je me dis que ça ira mieux demain.

Un médecin hospitalier témoigne.

Le constat est alarmant mais dans ce pays n’est-ce pas la même chose dans les domaines de la justice, la police, l’armée et la santé ?

A l’hôpital, « …. les démissions ont été massives. La durée de vie professionnelle d’une infirmière est passée de 7 à 5 ans. Dans notre établissement, nous tenons chaque semaine des réunions de crise afin de déterminer si nous disposons de l’effectif nécessaire pour opérer et soigner.

L’état d’esprit de notre jeunesse, sujet hautement sensible, a également évolué. Les infirmières le répètent, certaines, en tout cas : elles ne sont pas des bonnes sœurs. Soit, mais un dimanche récent, l’une d’elles, intérimaire supposée assurer la garde, ne s’est pas présentée et son téléphone est resté sur répondeur. Personne dans le service : je n’avais jamais vécu cela. La surveillante a dû se coltiner les soins et oublier l’organisation des blocs en urgence, reléguant la tâche à ceux qui restaient.

Le poids de la technocratie
Évidemment, autre problématique, l’administration française ou plutôt la myriade d’administrations et de fonctionnaires que je serais bien en peine de citer sont supposées tracer la route et les fameuses ARS en sont l’étendard. Dans les années 1980 les urgences étaient le plus souvent assumées par les confrères généralistes. La haute fonction publique a pris la situation en main. On a commencé par dégommer les mandarins, tyrans des services… Eux, au moins, connaissaient la médecine. « 

Ainsi s’exprime le Docteur Denis Dupuy  . NDLR : Nous n’avons retenu des propos du Dr Dupuy que les éléments nous paraissant les plus factuels, en évitant certains de ses avis, plus personnels.

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