Recyclage des textiles usagés : Vivre l’Yonne a mobilisé
Deux groupes de réflexion ont été créés. L’un regroupe des associations et les institutions concernées (CCI, Région, Adème ….) a déjà tenu plusieurs réunions ( voir quelques comptes rendus ). Il travaille notamment sur la collecte, sur la revente en 2eme main …

Le second est dans sa phase de démarrage et sera composé, à terme, d’une demi-douzaine de professionnels aux côtés de la CCI et de Vivre l’Yonne. Il s’agit d’inventorier les possibilités de recycler les textiles usagés pour en faire de nouvelles matières premières, telles le fil, l’isolation, le combustible ( CSR ), …. Un premier échange a eu lieu qui démontre les difficultés importantes à surmonter pour avoir une vraie filière de recyclage, la plus déterminante étant la viabilité d’un modèle économique … Vivre l’Yonne aurait-elle péché par optimisme !
Recyclage des textiles usagés : une filière d’avenir freinée par des obstacles invisibles.
Chaque année, les Français jettent 700 000 tonnes de vêtements, linge et chaussures. Moins d’un tiers est collecté, et à peine 1 % est recyclé en nouveaux textiles. Derrière ces chiffres, un paradoxe : alors que les besoins écologiques et économiques sont pressants, la France peine à structurer une véritable filière de recyclage textile, alors qu’elle a su le faire pour le métal, le carton, le bois. Pourquoi ?
Recyclage des textiles usagés : des constats
Le recyclage textile est au carrefour de plusieurs enjeux majeurs : lutte contre le gaspillage, réduction de l’empreinte carbone, relocalisation industrielle. Pourtant, malgré la mise en place de points de collecte (comme les bornes Le Relais), la majorité des textiles usagés termine encore à l’incinérateur ou à la décharge.
Pire : une grande partie des vêtements collectés est exportée à bas prix vers l’Afrique ou l’Asie sous couvert de « seconde main », sans réel contrôle sur leur fin de vie et cela pour finir souvent en éléments de pollution (cf : vetements-usages-scandale). Ce système mondialisé dissimule un déficit criant de traitement local. En clair, la France ne recycle (presque) pas ses propres textiles.
Recyclage des textiles usagés : freins techniques, économiques… et réglementaires
Les freins à la création d’une filière industrielle française de recyclage sont nombreux.
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Techniques d’abord :
La complexité des matières (mélanges coton-polyester, teintures chimiques, fibres synthétiques) rend le tri difficile, surtout à grande échelle. Les technologies de tri automatisé par spectrométrie ou intelligence artificielle existent, mais restent coûteuses.
A part des précurseurs qui ont su élaborer de nouveaux produits comme des isolants notamment pour le bâtiment ( ….. ), des revêtements de décoration ( FabBrick) … à Auxerre la start-up qui a réussi à partir de collants usagés de créer une nouvelle matière : découvrez Écollant .
On DOIT prioriser la Recherche et Développement pour inventer de nouveaux débouchés rentables …. Écollant nous prouve que cela est possible.
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Économiques ensuite :
La mode jetable. Image : pixabay
Recycler coûte cher. Collecte, tri, transformation nécessitent des investissements lourds, sans assurance de rentabilité.
Le prix de vente des fibres recyclées reste trop faible pour compenser les coûts, surtout face à la concurrence de la fast fashion ( on devrait dire « mode éphémère » ou « mode jetable » ) bon marché et des exportations à bas prix.
C’est pour cela qu’il nous faut sortir du seul prisme de la confection et de la mode.
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Commerciales évidemment
Avant de lancer une production de nouvelles matières , il faut constater qu’elles répondent à un besoin, dans des conditions de qualité et bien sûr de prix.
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Et enfin… réglementaires :
C’est souvent là que le bât blesse. Le cadre légal, pensé pour protéger les consommateurs et l’environnement, freine parfois le recyclage :
- Le règlement européen REACH interdit certaines substances chimiques encore présentes dans les textiles anciens, empêchant leur réutilisation.
- Les fibres recyclées doivent répondre aux mêmes normes sanitaires que les fibres neuves, compliquant leur remise sur le marché.
- La création d’usines de recyclage est soumise à la lourde réglementation ICPE, qui ralentit l’implantation de sites industriels.
- La filière REP textile, gérée par l’éco-organisme Refashion, reste insuffisamment financée pour soutenir une économie circulaire ambitieuse.
- L’étiquetage incomplet des vêtements (absence de traçabilité des fibres ou des traitements chimiques) rend le tri automatisé très difficile.
« Il faut transformer la réglementation d’un outil de contrôle en un levier d’innovation », résume un industriel du secteur.
Recyclage des textiles usagés : des pistes pour débloquer la situation
Tout n’est pas figé. L’Union européenne prépare la mise en place d’un passeport numérique produit à l’horizon 2027, qui obligera les marques à fournir des données complètes sur la composition des textiles. En France, plusieurs acteurs innovent déjà :
- Weturn transforme des déchets textiles en nouvelles fibres pour la mode circulaire.
- Renaissance Textile, à Laval, ouvre la voie du recyclage industriel à grande échelle.
- Des synergies locales émergent autour des pôles de compétitivité, de l’économie sociale et solidaire, ou des collectivités engagées. C’est le cas de la mobilisation initiée par Vivre l’Yonne.
La loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) a posé les bases, mais reste à concrétiser. Les soutiens publics du plan France 2030 et les financements ADEME sont des leviers à amplifier.
Recyclage des textiles usagés : repenser notre rapport au textile
Plus globalement, le recyclage ne peut compenser à lui seul la surproduction. La meilleure solution reste la sobriété textile, l’allongement de la durée de vie des vêtements, et une refonte du modèle économique de la mode.
Repenser la filière textile, c’est donc aussi repenser nos habitudes de consommation. Recycler, oui, mais aussi produire moins, mieux, et plus près de chez nous.
Recyclage des textiles usagés : il nous faut une loi.
Puisque dans notre pays il faut une loi pour tout, militons pour que nos parlementaires légifèrent pour faire sauter des verrous réglementaires et promouvoir une filière de recyclage des textiles.