Recyclage des eaux usées

Le recyclage des eaux usées : pourquoi ?

L’eau potable est l’une des ressources les plus importantes et celle-ci se trouve au cœur des enjeux économiques, sanitaires et environnementaux de demain. L’eau potable devient une ressource naturelle qui se raréfie. Selon le GIEC, les plus grands effets du dérèglement du climat sont liés à l’eau : sécheresses, inondations, montée du niveau marin, tempêtes et cyclones, disparition des zones humides.

Image par Tumisu de Pixabay
Changement climatique                  Image par Tumisu de Pixabay

On constate une diminution de la recharge des nappes de 10 % à 25 % en moyenne, selon les régions, avec une baisse de 10 % à 40 % du débit annuel des cours d’eau. Les sécheresses, plus précoces, réduisent déjà l’accès à l’eau potable d’un nombre croissant de communes.

Pourtant on peut pallier partiellement cette future catastrophe environnementale, par la consommation économe et surtout le RECYCLAGE des eaux usées. En France, seulement 0,6% des eaux usées sont recyclées.

RAPPEL :

Selon l’article L1331-1 du Code de la santé publique, le raccordement au tout-à-l’égout est obligatoire lorsque les réseaux publics de collecte disposés pour recevoir les eaux usées domestiques, sont établis sous la voie publique à laquelle ces immeubles ont accès soit directement, soit par l’intermédiaire de voies privées ou de servitudes de passage.

Le recyclage des eaux usées et le « tout à l’égout »

Le « tout à l’égout » a été un immense progrès sur le plan sanitaire, au regard de l’hygiène publique.

On a donc voulu tout rattacher au « tout à l’égout » . Dans les zones urbaines la justification ne se conteste pas. Mais dans la ruralité où la fosse septique et mieux la fosse toutes eaux donnait satisfaction, l’eau nettoyée retournait dans le sol en apportant une humidité salutaire.

Cette politique du « tout à l’égout » pourrait rappeler aux mauvais esprits la jadis politique du remembrement des terres agricoles avec ses conséquences favorables pour la production intensive, mais néfastes à la nature : la disparition des haies, des zones boisées, de la diversité végétale, du peuplement animal. Volte face. Depuis peu on replante haies et arbres favorables à la biodiversité et à l’enrichissement des terres agricoles.

Aujourd’hui sur le plan national, le programme REUT, qui est encadré réglementairement, constitue un moyen d’économiser de la ressource en eau et s’inscrit pleinement dans l’impératif d’adaptation au changement climatique. Les projets de REUT portés par les collectivités locales constituent une réponse rationnelle et locale pour faire face aux manques d’eau qui affectent la société civile et les acteurs économiques. Dont acte.

Mais l’objectif de Vivre l’Yonne consiste à ce que les eaux usées ( les eaux grises) ne      parviennent plus à la station d’épuration, quand, répétons le, cela s’avère techniquement possible et soient réutilisées par le consommateur pour réduire autant sa facture, que pour participer à la lutte contre la sécheresse.

En matière de traitement des eaux usées Vivre l’Yonne dit : Volte face.

La loi ci-dessus doit donc être amendée, pour autoriser quand les conditions techniques le permettent, de déroger au moins partiellement à l’obligation de rejet des eaux usées au « tout à l’égout » pour recourir à des solutions alternatives.

D’autant que l’ANSES, dans son avis du 29/04/2015 n’émet pas un point de vue négatif sur la réutilisation des eaux grises mais préconise que leur réutilisation se fasse :

  • En les réservant à des usages limités tels que l’alimentation des chasses d´eau ; l’arrosage extérieur ; le lavage des surfaces extérieures.
  • Après une analyse de risques complète.
  • Après que tous les usagers, tout particulièrement dans le cadre d’immeubles ou de bâtiments collectifs soient bien informés de la mise en place de ce réseau.

Une solution alternative : la phytoépuration des eaux grises avec le lagunage

Bien évidemment les eaux noires (celles provenant des WC) continueront de passer par les stations d’épuration traditionnelles pour une qualité de pureté que le traitement chimique garantit (même si le traitement par phytoépuration donne lui aussi satisfaction) .

Nous parlons des eaux grises et nous intéressons au lagunage qui s’inscrit, à sa manière, dans l’économie circulaire de proximité, les eaux grises ne repartant pas dans les égouts, la rivière, la mer…

Le lagunage est une technique biologique d’épuration des eaux usées, où le traitement est assuré par la végétation aquatique, les micro-organismes, essentiellement des algues et des bactéries.

Une station de lagunage est d’abord une succession de bassins (de 3 à 5) de 40 cm à 120 cm de profondeur. L’eau s’écoule par gravité.

Les premiers bassins sont des bassins à micro-organismes, où se dégrade la matière organique contenue dans les eaux usées

Le lagunage, participe, même modestement, à la transition écologique dont nous serons de plus en plus nombreux à en reconnaître l’absolue nécessité.

Nulle nécessité de créer de véritables « marais »;  des unités petites ou moyennes répondraient mieux à l’ambition que le changement climatique imposera, selon qu’il s’agira du lagunage domestique ou du lagunage pour les collectivités.

DEUX constats :

1/ Pour une personne, la consommation annuelle d’eau pour l’hygiène corporelle, la lessive, la vaisselle, la cuisine, l’entretien du logement (non comptée « l’eau noire » des sanitaires devant aller vers la station d’épuration ) est de 40 M3 par an.(sources « Services eau France » ).

2/ Une chasse d’eau consomme 9 à 10 litres d’eau potable. Une famille de quatre personnes tire la chasse d’eau en moyenne 8 fois par jour. En un an, c’est 26 280 litres d’eau en moyenne envoyés vers la station d’épuration, ( avec un prix de l’eau de 4,30 € / M3 on voit l’économie réalisée ).

QUATRE propositions.

Deux pour les PARTICULIERS

  • permettre des DEROGATIONS (*) aux PARTICULIERS raccordés au « tout à l’égout » possédant évidemment un terrain suffisamment grand, pour le traitement de leurs eaux grises (seulement les eaux grises) par lagunage.

  • créer une aide dans l’esprit des dispositions de « Ma prime rénov’ », pour adapter l’installation sanitaire afin d’utiliser bac dégraisseur et réservoir d’eau afin de recueillir l’eau usagée de sa douche, de son bain, de son lavabo, de son évier ou de son lave-vaisselle et s’en servir, via une pompe, pour alimenter la chasse d’eau. La technologie le permettant existe.

Deux pour les propriétaires d’ IMMEUBLE COLLECTIF

  • permettre des DEROGATIONS (*) aux propriétaires d’ IMMEUBLE COLLECTIF qui disposent de parcs ou jardins, dans le but de créer les conditions pour un traitement de leurs eaux grises par lagunage.

Un exemple :

Un bailleur social dans une commune de l’Yonne possède, entre autres, deux bâtiments en angle droit ouvrant sur une zone herbeuse de l’ordre de 6/7000 M2 qui ne seront pas lotis. Il est parfaitement possible d’y installer une zone de lagunage, offrant :

– outre de traiter, pour 56 logements de 3 occupants en moyenne, de l’ordre de 6700 M3 d’eaux grises,

– de créer un jardin paysagé agréable autour des bassins de traitement. L’eau ainsi recyclée permettrait à l’Office, comme à la commune, l’arrosage des espaces verts et le nettoyage réalisés aujourd’hui avec de l’eau potable.

  • rendre OBLIGATOIRE, à l’occasion de la construction d’un immeuble, l’aménagement d’une double canalisation d’évacuation des eaux usées dédiées, l’une aux eaux noires dirigées vers le « tout à l’égout », et l’autre pour les eaux grises s’évacuant vers des réservoirs collectifs approvisionnant les chasses d’eau des sanitaires.

(*) DEROGATIONS délivrées, après étude, par une autorité habilitée à cet effet

Ce traitement des eaux usées (dès lors bien sûr que les conditions pour installer le lagunage ne sont pas réunies), économiserait de l’ordre de 235 M3 d’eau potable pour un bâtiment, par exemple de 12 logements hébergeant en moyenne trois personnes.

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