Icaunais venus d’ailleurs.

Icaunais d’adoption, c’est sous le soleil de Chine, du Portugal et de Grande Bretagne qu’ils ont vu le jour.

« On ne connaît pas les deux bouts de sa vie » disait mon arrière-grand-mère, avec une philosophie aux pieds bien plantés dans le sol… Il est certain que même si l’on croit décider de son destin, les cheminements de celui-ci conduisent parfois à des situations pour lesquelles les quatre animateurs d’ateliers de la MJC d’Auxerre, qui ont bien voulu nous confier leur parcours, ne s’attendaient certainement pas.

DE L’IMMENSE CHINE AUX RIVES DE L’YONNE

Chinoise
Cela pourrait être You Yang….

On pourrait imaginer bien des complications ayant mené You Yang de sa Chine natale à Auxerre, voici maintenant un peu plus de 25 ans.
En fait, il n’en n’est rien. Cette animatrice de l’atelier « chinois » de la MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) d’Auxerre, qui transmet la langue chinoise officielle essentiellement à des enfants et des adolescents, a tout simplement suivi son mari.
Celui-ci, chinois également,  a suivi un cursus comprenant l’apprentissage du français, le conduisant à une carrière en France. Peu de temps après son installation, sa jeune épouse l’y a rejoint, puis leur petite fille, restée avec ses grands-parents. L’enfant, en quelques mois, s’est rapidement mise au niveau de ses nouveaux petits camarades, et la brillante réussite de ses études supérieures en atteste aujourd’hui.

You Yang, et sa famille, sont parfaitement intégrés à la vie française, et particulièrement, à l’ambiance auxerroise. Cela ne l’empêche pas d’être heureuse de pouvoir transmettre son langage et un peu de la culture de son pays d’origine…

 

FRANCISCO, LE PORTUGAIS NATURALISÉ ICAUNAIS et POYAUDIN

Francisco Mafra a 51 ans. Fils de marin pêcheur, né à 60 kms de Lisbonne dans un paysage idyllique face à la mer, il quitte sa grand-mère et le Portugal à 14 ans pour rejoindre sa mère en France.

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« Il n’y a pas besoin de faire beaucoup d’études » …hum ! à condition d’avoir quelque talent.

Mais ses jeunes années l’ont déjà immergé dans la musique, le théâtre, qui avec le français et les mathématiques, l’intéressaient particulièrement. « Tous mes amis rêvaient d’aller en face, c’est à dire l’Amérique et moi c’était la France ».. Je débarque à Paris avec 3 mots de français. Il passe une année préparatoire pour apprendre la langue et intègre une classe de 6ème alors qu’il a 15 ans ! Par chance, un professeur de français lui explique « qu’il n’y a pas besoin de faire beaucoup d’études pour arriver à ce que l’on veut ». Après la 5ème, il opte résolument pour la musique, la guitare, alternant les petits boulots, les cours de musique et les « boîtes » d’intérim pour gagner sa vie. Il rejoint le Centre d’Information Musicale (CIM) pour poursuivre sa formation et donner des cours. 15 ans plus tard, il se spécialise dans l’étude du jazz des années 30-40-50, participe aux festivals annuels de jazz de Marciac dans le Gers, en concert avec des professionnels.

ARRIVÉE DANS L’YONNE

C’est à la MJC de Sens qu’il arrive en 1994, comme animateur de guitare. « La vie est moins chère qu’à Paris qui est cependant pas loin », explique-t-il, il apprend à ses élèves le jazz, le rock et un peu de classique. Puis, c’est la MJC d’Auxerre qui l’accueille, avec plus de possibilités de cours. Avec sa compagne, qui travaille dans un magasin d’alimentation bio, ils rêvent de nature. Un grand fils de 23 ans poursuit des études musicales à Montpellier, un petit garçon de 5 ans touche déjà à la guitare, la basse, les percussions, la batterie, le piano… La composition est le but de Francisco. La nature qu’il vient de découvrir avec sa famille en s’installant en Puisaye, entourés d’oiseaux et de vaches, sera-t-elle propice à l’inspiration ? « Paris est la capitale du monde, à condition qu’il y ait la Puisaye, affirme Francisco, je n’ai pas envie de revoir le Portugal, j’ai trop de projets ici » !

MELANIE ET PAUL RYAN, LES ANGLAIS ONT FRANCHI LE CHANNEL

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Il quitte, en Angleterre, un boulot de fonctionnaire peu motivant, pour venir en France … Vous cherchez l’erreur : il y en a pas.

C’est Paul, l’aîné de la famille, il a 9 ans de plus que son épouse Mélanie, qui entreprend de conter les pérégrinations qui l’ont mené, une première fois dans l’Yonne à l’âge de 19 ans, il en a 63 actuellement… « J’ai quitté ma ville de Liverpool en stop, quittant un « boulot » de fonctionnaire peu motivant et je me suis retrouvé, par hasard, à Coulanges la Vineuse, en pleine saison de cueillette de cerises ». Participant aux festivités des 13 et 14 juillet, il rencontre le fils de l’entreprise de démolition « Michel » qui recherche un manœuvre ayant son permis de conduire. « J’ai été pratiquement adopté par cette famille qui m’a hébergé, même mes propres parents les appelaient les « parents français ».. Au bout d’un an, il repart en Angleterre et décide de reprendre ses études afin de préparer une licence de français, « je parlais la langue, mais sans base de grammaire et c’était nécessaire pour éventuellement enseigner ». Il entre à l’université de Warwick, à Coventry, où il rencontrer, en 1982, la jeune Mélanie qui prépare une licence d’histoire de la Renaissance.

SÉJOUR A VENISE

La fin d’études de Mélanie les conduisent pour un trimestre de stage à Venise, souvenir grandiose s’il en est, puis retour en Angleterre, pour l’obtention de la licence d’histoire de Mélanie.

Paul s’essaie alors à l’enseignement, une année d’assistant scolaire à Melun dans un lycée technique lui montre les aspects déconcertants de l’Éducation Nationale et les problèmes de discipline, il renonce donc à enseigner. Nouveau revirement pour lui qui se lance dans l’informatique commerciale, installé avec Mélanie – trois enfants vont agrandir la famille – il devient représentant pour des multinationales francophones, poursuivant cette carrière jusqu’en 1996. Toujours en Angleterre, il s’installe à son compte, installant des systèmes dans le monde entier.

Fatigué des voyages et des séparations qu’ils impliquent pour le couple et les enfants, celui ci décide en 1999, de « tenter sa chance » à l’étranger. Paul a gardé des amis partout en France et particulièrement dans l’Yonne « où nous allions avec les enfants pendant les vacances scolaires ». Le temps des cerises l’a marqué à vie. Auxerre a aussi l’avantage d’être près de Paris, Mélanie, Paul et les enfants s’y installent. L’aîné étudie à Dijon, les deux filles sont encore chez leurs parents. Récemment, ils ont créé un petit centre d’enseignement couvrant la traduction, l’interprétariat, et sont animateurs, comme à l’atelier d’anglais de la MJC.

Deux petits enfants, déjà parfaitement bilingues, illustrent parfaitement l’histoire de leurs grands-parents,  devenus bourguignons…se refusant toutefois à goûter aux escargots et à l’andouillette !

Une réflexion au sujet de « Icaunais venus d’ailleurs. »

  1. Par ces portraits croisés, vous mettez en évidence le fait que l’Yonne et sa préfecture sont bien au centre du Monde ! Voir Auxerre et mourir … le rêve de tout Terrien de souche !
    Plus simplement, vous nous rappelez par cet article, cette vérité qu’il n’existe pas de frontière pour les êtres de bonnes volontés et que la paix (sociale) se construit avec celles et ceux … qui veulent la construire !
    A l’heure où l’État se pose la question de savoir quels sont ces étrangers qui pourraient avoir le droit de s’arrêter par ici, rappelons que nous sommes tous d’étranges étrangers qui fabriquons cet endroit que nous aimons …

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